S’assurer de ses propres murmures
Pièce pour un jongleur et un batteur
Création le 9 octobre 2020 au Vellein, scènes de la CAPI - Villefontaine
Pièce pour un jongleur et un batteur
Création le 9 octobre 2020 au Vellein, scènes de la CAPI - Villefontaine
Ensemble, nous désirons appréhender une dimension intime du langage : le murmure. Une parole qu’on partage en très grande proximité, ces formules qu’on ne peut exprimer que dans la confiance d’une bulle protégée de silence et de mystère, fragile. S’assurer de ses propres murmures c’est se donner ensemble l’assurance d’une écoute réciproque, d’un espace d’échange des paroles de chacun ; c’est aussi, chacun pour soi, se donner l’attention nécessaire pour entendre ses propres bruissements. C’est enfin inviter le monde, le public, à tendre l’oreille, à scruter notre adresse, à percer le secret. Venez découvrir notre spectacle de cirque et de concert, qui montre la batterie comme un coeur et le jonglage comme un corps.
Chaque matière concrète est travaillée par l’image et par le son. Et chaque séquence développe notre relation, de musicien à jongleur, d’être à être. Pulsation, phrasé, accents, sensation du temps qui passe, autant d’éléments du rythme qui rapprochent essentiellement le jonglage de la musique. Suivre le rythme, créer le rythme, et ainsi nous mettre sur la crête du jeu. Nous cherchons la vitalité enfantine, le partage de virtuosité et des rituels d’amitié. Nous abordons le risque avec légèreté, la performance avec facilité pour que l’énergie soit directe. Dans l’abstraction des formes, dans le plaisir de la relation humaine, nous sommes à la recherche de l’évidence, de la simplicité et de la complicité.
S’assurer de ses propres murmures et mener l’action jusqu’à son verbe en fleur.
Ne pas tenir ce bref feu de joie pour mémorable.
Extrait de La Scie rêveuse de René Char.
Le public est convié à un spectacle concert. Nous cherchons un accord avec les objets et les instruments, un accord entre nous, un accord avec nos propres corps et un accord avec le public.
Le public est convié à une expérience : suivre le développement d’une relation de proximité entre un jongleur et un musicien. Il s’agit de rentrer au cœur des secrets qui les unissent et se laisser guider dans un voyage dansé et musical. Tout se créé sous les yeux des spectateurs, le contact est direct, sans mots ni références. Notre pièce conjugue l’intime et le spectaculaire.
De et par :
Julien Clément : jongleur
Pierre Pollet : batteur
Mise en scène : Nicolas Mathis
Création lumière : Thibault Thelleire
Scénographie : Thibault Thelleire et Olivier Filipucci
Dispositif sonore : Olivier Filipucci
Costumes : Sigolène Petey
Regards extérieurs : Rémi Luchez, Marie Papon et Alix Veillon
Direction de production : Anna Delaval
Coordination logistique : Audrey Paquereau
Administration de production : Géraldine Winckler
Régie de tournée : Luis Da Sylva, Pierre-Jean Heude et Thibault Thelleire
Réalisation : Vincent Muteau
Création : 2020
Durée : 1 min 55
© Géraldine Aresteanu
Production : Collectif Petit Travers
Coproduction et résidence de création : Le Vellein, scènes de la CAPI – Villefontaine / Théâtre Molière Sète -> scène nationale archipel de Thau / CCN2 – Centre chorégraphique national de Grenoble, dans le cadre de l’Accueil-Studio / La Cascade – Pôle National Cirque Ardèche Auvergne-Rhône-Alpes
Soutien financier et accueil en résidence : Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie I La Brèche à Cherbourg – Cirque Théâtre d’Elbeuf / Théâtre de Cusset – Ville de Cusset / Les SUBS, lieu vivant d’expériences artistiques / DÔME Théâtre
Avec le soutien de la SPEDIDAM et de la ville de Villeurbanne
Durée : 52 min
Tout public
Création le 9 octobre 2020 au Vellein, scènes de la CAPI – Villefontaine
L’osmose (presque) parfaite du couple batteur-jongleur
« De Julien Clément, si on laisse traîner ses oreilles dans les bons endroits, on dit qu’il est un jongleur d’exception. Dans la précision non seulement du geste mais aussi du rythme, dans le sens du tempo et des accentuations, dans la capacité à développer tout un phrasé rythmique autour des objets avec lesquels il jongle.
[…] le spectacle est tout entier un laboratoire de cette rencontre qui s’érige en dialogue. Dialogue musical, évidemment, dans la recherche du rythme et dans le jeu avec ses battements et ses espaces, dans la possibilité de faire circuler la tension et l’attention, de prendre chacun son tour l’initiative de proposer quelque chose de diérent. Dialogue visuel aussi, l’art du jongleur étant très évidemment destiné à être vu, mais en rappelant au passage que la dextérité d’un batteur est une chose fascinante aussi à regarder. Chacun fait ressortir dans l’autre ce qui n’est pas habituellement valorisé : sonorité pour le jongleur, dimension visuelle pour le batteur.
Et puis, autre diérence, mais majeure : sans doute parce que l’eort a porté tout entier dans cette direction, dans S’assurer de ses propres murmures il y a comme rarement – sinon jamais – on ne l’a vu ailleurs une parfaite égalité de puissance de jeu entre les deux côtés du plateau. Le rythme de Julien Clément est tellement impeccable qu’il réussit à s’insérer dans le phrasé le plus complexe de Pierre Pollet, à jouer avec, à faire partie égale avec lui. Ce n’est pas une mince prouesse, de base. Cela devient vraiment extraordinaire quand, à force de pousser la diculté et la virtuosité, les deux interprètes semblent atteindre un plateau qui est presque comme une transe, dans un équilibre précaire mais tenu, un moment suspendu un peu extatique, qui donnerait l’apparence de l’évidence après s’être hissé là au travers de paliers de diculté croissante qui n’ont pu être franchis que par un immense travail et un long entraînement. C’est une jam session de jazz parfaitement maîtrisée, où quelque chose de simple et d’évident vient exploser au terme d’une recherche passée par le détour d’une grande technicité.
Au milieu de la petite foule de spectacles de jonglerie qui ont exploré la veine de la sonorité rythmique de la discipline, avec ou sans musiciens, avec ou sans dispositif d’amplication (on pense à i-Solo de Jérôme Thomas par exemple), S’assurer de ses propres murmures installe ainsi sa singularité, et établit une nouvelle référence, à rechercher du côté d’un sens du groove au sens que lui donne les jazzmen.
Au-delà de ça, qui est déjà impressionnant, c’est un spectacle extrêmement vivant et joyeux, peut-être parce qu’il est puissamment ancré dans l’instant, dans l’exigence d’une écoute sans faille qui ne connaît rien d’autre que ce qui est là, immédiatement. Un spectacle de connivence et d’éclats d’humour aussi, et malgré sa virtuosité un spectacle d’humilité, où chacun des deux interprètes se met entièrement au service de l’autre.
Pour être parfaitement honnête on doit aussi indiquer qu’on a parfois la sensation de petites longueurs, dans lesquelles la tension se relâche, notamment quand la batterie ne joue plus. Ces petites baisses d’intensité nous semblent devoir s’eacer avec le temps, quand le spectacle aura pleinement trouvé toute son ampleur.
De ce moment de jeu on ressort énergisé et souriant. Il a un petit quelque chose d’électrique qui réveille et qui met les énergies intérieures en mouvement. »
Mathieu Dochtermann